Alain Foka: Mission, redorer l’image de l’Afrique

Archives d’Afrique, Médias d’Afrique, Afrique Plus. Ces trois émissions phares de «la radio mondiale» présentant le continent noir tel qu’en lui-même, portent la griffe d’Alain Foka. Ce Camerounais a embrassé la profession de journaliste comme on entre dans les Ordres. C’était sa vocation, et il ne pouvait lui résister. «J’ai toujours voulu être journaliste», aime-t-il à répéter même si, au carrefour de sa vie estudiantine, il avait failli opter pour la robe d’avocat. Cette année-là, ayant réussi le concours d’entrée à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (ESSTIC), il préfère des études en sciences politiques. Mais, rattrapé par sa vocation, il entre au Centre de formation de journalisme de Paris où il retrouvera, d’ailleurs, en troisième année des anciens étudiants de cette école.
1984. Sa formation achevée, Alain va bourlinguer entre Europe1, France Inter et la 5è chaîne de télévision française avant de débarquer à Radio France Internationale bien déterminé à donner un bon coup de pinceaux à l’image dévalorisée de l’Afrique en Occident et en France. Il crée l’émission quotidienne Archives d’Afrique, cette tribune où les Africains peuvent désormais eux-mêmes «raconter notre histoire et non la laisser aux mains du colonisateur ». Suivent Médias d’Afrique où les journalistes et éditorialistes africains donnent leur perception de l’actualité internationale, et Afrique Plus, dans laquelle il montre l’autre visage de l’Afrique, celui de l’Afrique ambitieuse, qui remporte des succès.
Homme de média averti, Alain sait que la bataille de l’image ne peut être gagnée par l’Afrique que si elle-même dispose de relais puissants. Il s’investit donc, sans exiger le moindre centime, dans la mise en place de radios et télévisions en Afrique au sud du Sahara. Les chaînes privées Golf FM et LC2 au Bénin, Ténéré radio et TV au Niger, Equinoxe FM et TV au Cameroun, Radio Liberté au Congo et la chaîne publique TAL TV au Niger ont ainsi bénéficié de son expertise.
Egalement convaincu que de bonnes structures sont loin de suffire pour être performant, il entreprend de partager expérience et son savoir-faire avec ses (con)frères du Continent. On le retrouvera ainsi faisant de la formation au Rwanda, au Togo, au Mali…
Alain Foka se passionne pour le journalisme et pour l’Afrique parce qu’il veut délivrer des messages. Notamment à la jeunesse africaine que rien n’est encore perdu pour elle à condition d’y mettre de la volonté : « Quand je vois des gens traverser des déserts, sacrifier leurs vies à la mer dans des embarcations de fortune parce qu’ils veulent rejoindre l’Europe comme si tout y est pour le mieux dans le meilleur des mondes ; quand j’entends des gens se dire que tout est perdu pour eux ici qu’ils se laissent aller au désespoir ou sombrer dans la délinquance, je leur dis : ce n’est pas parce qu’on est fils de pauvre, ce n’est pas parce qu’on manque d’argent que ce n’est pas possible. Il faut simplement y croire». Et il pense pour de vrai.
Fils d’un modeste policier mort avant même qu’il ne traverse l’adolescence, Alain doit son salut à son acharnement au travail et une force de caractère dont seuls savent faire preuve ceux qui sont pétris d’ambitions, d’abord pour eux-mêmes et pour les autrui, ensuite. «Je suis fils d’un petit policier qu’a priori rien ne prédisposait à aller suivre des études en Europe. J’ai perdu mon père avant même d’avoir eu mon Bac. Je me suis retrouvé en Europe finalement, j’ai fait de bonnes études et j’y suis arrivé, et je fais un métier qui me plaît ; celui que j’espérais faire. Donc tout est finalement possible quand on y croit », rappelle ce journaliste très humaniste qui sait toujours garder les pieds sur terre. Tant et Si bien qu’il se laisse tétaniser par son interlocuteur notamment, lors de l’interview que lui accordait Nelson Mandela à sa sortie de prison : «(…) j’ai perdu mes moyens. J’étais devant un monument. (…) j’étais influencé et je perdais mes mots. Et il m’a dit : « Mister Foka, take it easy !». Et pourtant, il se souvient de ce moment comme étant le meilleur de sa carrière.
Le génocide rwandais et la guerre au Congo qu’il a vécu en témoin privilégié mais impuissant lui auront toutefois laissé une profonde blessure à l’âme. «J’y ai vu la bêtise humaine. J’ai compris que l’homme n’était pas si loin de l’animal. Les charniers, des villages entiers décimés, des gens qui tuaient leurs semblables à la machette, qui les découpaient et qui vous poussaient à les filmer», témoigne-t-il, aujourd’hui encore, avec une amertume mêlée de révolte…
S’il ne perd pas espoir, c’est parce que le journaliste qu’il est, rêve que dans une, deux, trois décennies peut-être, des journalistes africains officieront sur des grands médias internationaux et que des Africains créeront un media puissant à l’image de la chaîne américaine d’information en continue CNN. «Pour qu’on écoute aussi leur son de cloche ». Alors, aura sonné pour lui, l’heure de ranger son micro. «Je passerais à autres choses… », annonce ce journaliste talentueux.

Par Jacques POWPLY
(Portrait publié dans l’édition intrenationale du Magazine panfricain Afrique Compétences n°2)

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