Joseph Andjou :Force est à la volonté et à la patience

«Si on me balance par la porte, je rentre par la fenêtre». Voilà le leitmotiv de Joseph Andjou, ce journaliste ivoirien qui a su s’imposer dans le monde impénétrable des médias français. Les innombrables refus polis en réponse à ses multiples démarches pour se faire recruter dans l’Hexagone ont forgé en cet homme de media, un caractère de battant qui ne recule pas devant l’adversité. Bien au contraire, il fait preuve d’ingéniosité pour attirer l’attention sur lui. Par exemple, il se fait remarquer lors d’un concours peu ordinaire organisé par Canal+ en 1996 et consistant à passer le plus grand nombre de fois à la télé. Pendant trois mois, Joseph écumera les plateaux, toujours sanglé dans la même veste bleue, assistant à 37 émissions et s’arrangeant pour être à chaque fois dans l’angle d’une caméra. Il ne gagne pas que le concours. Comme le souligne le sage, « si tu veux vraiment quelque chose, tout l’univers conspire à ce que ton rêve se réalise », celui de Joseph est possible un certain 4 mars 2002. L’ancien correspondant du magazine people et de showbiz ivoirien Top visages et également ex-journaliste à Radio France Internationale lance, ce jour-là, une émission bimensuelle sur la chaîne d’information en continu i-Télé du groupe Canal+ ; avec la bénédiction de son directeur de la rédaction d’alors qui ne lui cache pas son intérêt pour l’Afrique : «Tu n’es pas plus bête que les autres, je te fais confiance. Si ton idée me plait on peut se lancer dans une aventure africaine, car l’Afrique m’intéresse», lui avait soufflé Bernard Zekri. Plus qu’une opportunité, Joseph tient-là l’instrument d’une double revanche : se faire entendre par un large public et donner l’occasion aux Africains d’écrire eux-mêmes leur propre histoire.
A la fois magazine et JT taillé sur mesure, i-Afrique va donc diffuser l’actualité politique, économique, culturelle, artistique et sportive telle que vue par les propres fils du Continent et de son producteur, véhiculant ainsi une image positive et vivante de l’Afrique. Mais la belle aventure africaine prendra soudainement fin, six ans plus tard, à la faveur du recentrage d’i-Télé sur l’information. Alors-même que l’émission grandissait en audience – ce qui fera changer sa périodicité en hebdomadaire – et figurait parmi les plus célèbres et les plus anciennes de la chaîne. Ne dit-on pas en Afrique, «Un grain de maïs a toujours tort devant une poule ou encore Le pied gauche marche toujours à gauche ? Aussi, ce journaliste «militant» qui signait chacune de ses émissions d’un proverbe africain peut-il s’enorgueillir d’avoir réussi son pari. Lui qui en a le triomphe modeste face au succès de son émission : «mon but n’est pas d’être une méga-star mais que demain, le regard que les autres ont sur notre continent change. (…) nous les journalistes fabriquons les stars, et je ne prétends pas me fabriquer moi-même», expliquait-il jadis.
A 43 ans, Joseph Andjou est en passe de fructifier sa profonde vocation médiatique. Il a publié depuis six ans Comme on dit en Afrique, un recueil de 200 proverbes et maximes africains chez Michel Laffont. Objectif avoué : mettre un outil à la disposition de tous ceux qui veulent découvrir l’Afrique et voyager à travers la sagesse et l’humour africains mais surtout enrichir le langage courant en France. «J’aurai intégré la culture française et i-Afrique aura gagné ». Et comme on dit au Benin, «même si tu ne sais pas où tu vas-tu sais au moins d’où tu viens», il a décidé de reverser une partie des gains qu’il aura rapportés à des œuvres villageoises, « car c’est la culture dans ces villages qui m’ont permis de mettre en place ce livre».
Joseph Andjou est Ivoirien, né en 1966 en pays Abouré de Bonoua. Ce peuple est connu pour avoir su se projeter la tête dans le modernise en maintenant fermes les pieds dans la tradition. Il a ainsi réussi à bâtir une cité moderne et aux influences multiples et à l’intersection des systèmes politico-administratifs et culturels pro-occidentaux et ancestraux. C’est donc riche de ce patrimoine que Joseph émigre en France après sa majorité où il commence une carrière de journaliste à RFI puis à Amina, l’un des plus vieux magazines de presse féminine afro-antillaise avant de se voir confier le poste de directeur de la rédaction du mensuel Afrobiz, qu’il crée au début de la décennie en collaboration avec son confrère camerounais de RFI, Amobé Mévégué, à Montreuil en région parisienne. Désormais, Joseph se consacre à la production. Il produit pour la chaîne à cryptée Canal+Horizons, Zoom Horizons, une émission hebdomadaire. Il fait aussi du conseil notamment auprès de la Banque internationale pour l’Afrique de l’Ouest (BIAO) tout en pilotant le Salon (annuel) de la diaspora ivoirienne qui se tient depuis deux ans au Palais des congrès de Montreuil.

Par Jacques POWPLY
(Portrait publié dans l’édition intrenationale du Magazine panfricain Afrique Compétences n°2)

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