Madeleine Mukamabano: «Moi exhibitionniste?»

Combien sont-elles, les personnes – journalistes y compris – qui peuvent se vanter de connaître Madeleine Mukamabano ? Très peu, en réalité. La modératrice du Débat africain sur Radio France International n’est guère du genre à exposer sa vie privée. «Je ne suis pas exhibitionniste», lance-t-elle, d’emblée. Et d’ajouter, catégorique : «Je préfère ne parler que de son travail » expliquant qu’on s’intéresse à elle parce qu’elle est « journaliste à RFI et non du fait d’être une mère de famille ». Allons-y donc pour son travail.
La belle aventure commence en 1987. La journaliste rend son tablier à Demain l’Afrique, le magazine panafricain fondé par les ex-dissidents de Jeune Afrique, comme ce fût le cas quelques années auparavant à Actuel Développement et dans l’édition littéraire. Sa passion, pourtant. Plutôt qu’une reconversion, il s’agit pour elle d’un passage d’une rive à l’autre du même fleuve. Car, Madeleine Mukamabano cumule plusieurs années durant, les collaborations entre presse écrite et radio, notamment à travers une émission mensuelle puis hebdomadaire sur France Culture.
1990. Madeleine Mukamabano lance Le Débat Africain. Cette chronique légère tente de discerner les tendances de la société tous les lundis dans le Journal Afrique sur les ondes de RFI. Elle dissèque l’actualité africaine nourrie de ses crises et élections à polémiques ; les politiques, la géopolitique, l’économie à l’échelle du Continent. Objectif avoué : offrir un espace de rencontre d’une part entre hommes politiques au pouvoir et de l’opposition et d’autre part, entre les acteurs de la société civile. «Cela manquait. Aussi suis-je satisfaite non seulement d’avoir ouvert cet espace de débat la première, créé un poste d’observation des évolutions des pays africains notamment en matière de démocratisation; mais permis à plusieurs auditeurs d’horizons divers de découvrir la richesse humaine et intellectuelle des Africains», s’enorgueillit-elle.
Mais que gagne-t-elle, outre cette fierté légitime d’apporter chaque semaine un peu plus de démocratie par l’intermédiaire des ondes à cette Afrique? «Pour moi, c’est une leçon quotidienne. J’ai l’impression d’être à l’école, toujours à l’école. J’ai beaucoup appris sur l’Afrique, sur les gens». Et comment ?
Madeleine Mukamabano a quitté l’Afrique voilà plus de trente ans. Sa licence de lettres en poche, elle débarque à Paris dans les années 70 en provenance d’Ouganda où elle s’est réfugiée pour étudier. Ce second exil procède des mêmes causes. Elle explique: «Les mêmes persécutions recommençaient en Ouganda sous Amin Dada». Après son baccalauréat, la jeune rwandaise enjambe la frontière entre les deux pays. Destination, l’Université de Makerere «parce qu’en tant que Tutsi, j’étais condamnée à enseigner dans le lycée que j’avais fréquenté. Il appartenait aux Bonnes Sœurs, la plupart des écoles primaires et secondaires étant tenues à cette époque-là par les missionnaires».
Son pays ne pouvait pas lui offrir des études à l’université. Cependant, la journaliste s’est offerte l’Afrique et le monde, grâce à la magie des ondes. Belle revanche !

Par Jacques POWPLY
(Portrait publié dans l’édition intrenationale du Magazine panfricain Afrique Compétences n°2)

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